
Principales préoccupations sur la déclaration politique de Pékin +30 : Une évaluation critique
Mar 12, 2025
Malgré ses objectifs ambitieux, le document présente des lacunes dans plusieurs domaines cruciaux. En particulier, la déclaration manque de garanties explicites pour les systèmes publics de soins et contient des références problématiques aux partenariats public-privé (PPP), qui pourraient conduire à la marchandisation des services essentiels.
La déclaration politique récemment adoptée lors de l'UNCSW69 suscite d'importantes inquiétudes parmi les organisations de la société civile et les syndicats. Malgré ses objectifs ambitieux, le document présente des lacunes dans plusieurs domaines cruciaux. Notamment, la déclaration manque de garanties explicites pour les systèmes publics de soins et contient des références problématiques aux partenariats public-privé (PPP), qui pourraient conduire à la marchandisation de services essentiels.
Bien qu'elle mentionne la violence et le harcèlement dans le monde du travail, aucune référence à la Convention 190 de l'OIT n'a été incluse dans la déclaration. Tout aussi troublante est la suppression des références à la transition juste et l'absence de langage sur les droits en matière de santé génésique. Ces lacunes pourraient avoir un impact significatif sur l'avancement des droits des femmes et de l'égalité des genres.
L'ISP et d'autres fédérations syndicales internationales ont souligné ces limites tout en reconnaissant certains éléments positifs, tels que la reconnaissance du travail décent - qui souligne l'importance du dialogue social et de la négociation collective - et l'accès universel aux systèmes de protection sociale - un engagement essentiel pour réduire la pauvreté et la vulnérabilité de millions de femmes, en particulier celles qui occupent des emplois informels, travaillent dans des secteurs mal rémunérés ou se trouvent dans des situations précaires. Toutefois, elles soulignent que ces avancées s'accompagnent d'importantes mises en garde.
Verónica Montúfar Responsable mondiale de l'égalité à l'ISP

Les partenariats public-privé aboutissent généralement à ce que les ressources publiques financent les profits privés sans garantir l'accès universel.
Actrices clés de ce processus, l'ISP et d'autres fédérations syndicales internationales ont travaillé sur quatre priorités supplémentaires pour la Déclaration, au-delà de l'accès au travail décent : 1) l'égalité des genres comme fondement de la justice sociale et de la paix ; 2) la reconnaissance des droits des femmes en matière de travail en tant que droits humains ; 3) la garantie d'un salaire égal pour un travail égal et 4) l'élimination de la violence et du harcèlement sur le lieu de travail.
La 69e session de la Commission de la Condition de la Femme (CSW69), qui s'est tenue au siège des Nations unies à New York, marque le 30e anniversaire de la Quatrième Conférence mondiale sur les Femmes. Si la déclaration réaffirme les engagements pris à Pékin en 1995, les progrès restent incomplets. Aucun pays n'a pleinement atteint l'équité pour les femmes et les filles et les écarts structurels persistent - de même que la violence fondée sur le genre, la féminisation de la pauvreté et l'exclusion des groupes vulnérables restent des défis majeurs.
Dans l'avenir, les syndicats et les organisations de la société civile soulignent l'importance de maintenir la pression sur les gouvernements. Le succès de la déclaration de Pékin et des accords de la CSW69 dépendra dans une large mesure du suivi actif du mouvement syndical et du plaidoyer soutenu en faveur de politiques fondées sur les droits et dotées d'un financement adéquat.
Les PPP dans les services de soins
L'ISP s'est montrée particulièrement critique à l'égard des risques liés aux PPP dans les services de soins. "Si l'investissement du secteur privé dans les services de soins peut apparaître comme une solution viable, l'expérience nous montre que les PPP n'attirent pas efficacement l'investissement privé dans les services publics. Dans de nombreux cas, ils entraînent une plus grande précarisation du travail dans le secteur des soins et risquent de transformer les droits fondamentaux en biens marchands ", prévient Verónica Montúfar, Responsable mondiale de l'égalité à l'ISP. "Elles aboutissent généralement à ce que les ressources publiques financent des profits privés sans garantir l'accès universel".
La déclaration de la CSW69 s'achève sur une réaffirmation des engagements, mais aussi sur la certitude qu'il reste un long chemin à parcourir. La lutte pour l'égalité des genres et l'autonomisation des femmes continue de se heurter à des résistances, mais la mobilisation mondiale des syndicats, des organisations féministes et des organisations de défense des droits humains sera déterminante pour transformer les accords en changements concrets et durables pour les femmes du monde entier.