campaign featured image

Nous voulons une nouvelle normalité, avec des services publics forts qui transformeront la vie inégale des femmes

May 26, 2020

Dans le premier d'une série de webinaires en trois parties organisés conjointement par les Global Unions, Carolina Espinoza, titulaire du Comité mondial des femmes de l'ISP, évoque le rôle des services publics et la réalité du personnel de première ligne dans le secteur de la santé - un secteur où les femmes représentent 70 % de la main-d'œuvre.

"COVID-19: Les travailleuses sur tous les fronts", le premier d'une série de webinaires consacrés aux travailleuses dans le contexte de la pandémie Covid-19 et après, a réuni des représentant/e/s de syndicats mondiaux des secteurs du commerce, des transports, de l'hôtellerie, de l'agriculture, du journalisme, des travailleurs/euses domestiques et des services publics.

Nous ne sommes ni des héroïnes, ni des martyres. Nous sommes des travailleuses de la santé qui ont besoin d'équipements de protection individuelle pour bien faire leur travail, et d'une nouvelle normalité où les services de santé publique disposent de ressources suffisantes pour offrir à la population un droit humain tel que le droit à la santé

Carolina Espinoza, membre titulaire du Comité mondial des femmes de l'ISP et co-présidente du Comité régional des femmes de l’Inter-Amériques représentant l'ISP a décrit la vie des femmes dans le secteur de la santé publique : "Nous souffrons en temps normal de la précarisation du travail et de l'inégalité salariale, et aujourd'hui, en temps de pandémie, ces dysfonctionnements structurels de nos services publics sont plus flagrants".

Nous ne sommes ni des héroïnes, ni des martyres

Mme Espinoza a dressé un tableau saisissant en soulignant le triple stress vécu par les femmes travaillant dans les services de santé publique, tant au travail qu'à la maison et sur le plan émotionnel, une situation exacerbée par le modèle économique dominant, qui a révélé que le manque d'investissement depuis plus de 30 ans était une erreur majeure.

"La situation est complexe, car nous vivons dans un système néolibéral où la pénurie de services publics est chronique, et dans le contexte de cette pandémie, elle s'aggrave. Il n'y a pas assez de ventilateurs ou de lits de soins intensifs, il y a un manque de tests, d'équipements de protection individuelle qui permettraient d'éviter de nous mettre en danger et de compromettre notre capacité à dispenser des soins de santé adaptés pour sauver des vies".

Carolina a en outre souligné que ces longues journées deviennent encore plus compliquées car la fermeture des établissements d'enseignement et des crèches alourdit les tâches des travailleueuses de la santé en matière de soins domestiques, en plus des heures pénibles qu'elles passent dans les hôpitaux et les soins primaires.

Une autre complication pour les femmes dans ce secteur, rapporte Mme Espinoza, est l'exposition à la violence de genre et la peur d'être infectée.

"Le personnel de la santé représentent 12 % de la population infectée par le VIH dans le monde, et nous vivons donc dans la peur. La peur pour notre santé, la peur de devenir un foyer de contagion pour nos proches. À ce stade, nous avons également souffert d'une certaine stigmatisation ou discrimination de la part de la population qui nous considère comme des vecteurs d'infection et cela est également éprouvant".

En ce sens, elle reconnaît que, si les applaudissements ont encouragé le personnel de santé à continuer à être en première ligne de la lutte contre cette pandémie, elle ajoute que "nous ne sommes ni des héroïnes, ni des martyres. Nous sommes des travailleuses de la santé qui ont besoin d'équipements de protection individuelle pour bien faire leur travail, et d'une nouvelle normalité où les services de santé publique disposent de ressources suffisantes pour offrir à la population un droit humain tel que le droit à la santé".

Carolina Espinoza, PSI World Women's Committee Titular member

Les services publics sont indispensables pour transformer la culture patriarcale et les causes structurelles de la discrimination que subissent les femmes. Nous estimons que les systèmes de protection et les politiques publiques menés par les services publics sont essentiels pour atteindre l'égalité des genres et l'autonomisation des femmes et des filles.

Une normalité avec des services publics de qualité

Concernant le rôle des services publics dans cette pandémie, Carolina a demandé de se pencher sur les enseignements de cette crise et de mettre l'accent sur ce que le mouvement syndicalisé mondial veut construire dans cette nouvelle normalité.

"Nous sommes convaincues que les services publics sont indispensables pour transformer la culture patriarcale et les causes structurelles de la discrimination que subissent les femmes. C'est pourquoi nous estimons que les systèmes de protection et les politiques publiques menés par les services publics sont essentiels pour atteindre l'égalité des genres et l'autonomisation des femmes et des filles. Nous voulons une nouvelle normalité, mais avec des services publics forts qui transforment les vies inégales des femmes.

En plus, elle a déclaré que la privatisation n'affecte pas les hommes et les femmes de la même manière, car lorsque les gouvernements privatisent les services publics ou n'investissent pas dans les secteurs de la santé, de l'éducation et de l'eau et de l'assainissement, ce sont les femmes qui doivent assumer plus de travail et dans de moins bonnes conditions.

"Nous devons considérer qu'un sixième de la population mondiale n'a pas accès à l'eau potable, et qu'en Afrique, ce sont les femmes qui doivent porter cet élément vital dans leurs foyers, et que pendant que les filles portent l'eau avec leurs mères, leurs frères vont à l'école", a-t-elle déclaré.

C'est pourquoi, a-t-elle dit, il est essentiel et stratégique d'investir dans les services publics parce que ce sont nous, les femmes, qui y avons le plus accès. "Dans cette situation de pandémie, beaucoup de ces services sont repoussés afin de répondre à la crise sanitaire, et de ce fait, nous subissons un impact négatif sur les conditions de vie de ces femmes, qui aujourd'hui plus que jamais sont victimes de violence domestique.

Enfin, elle a déclaré que la crise sanitaire et économique doit être surmontée par la justice fiscale, comme l'a déclaré l'ISP. "Nous devons réfléchir à cette nouvelle normalité, en passant par une réforme du système fiscal international mondial, pour mettre fin à tous les mécanismes de fraude et d'évasion fiscales, jusqu'aux paradis fiscaux, afin que les grandes entreprises paient leur part d'impôts pour investir dans des services publics de qualité et promouvoir à leur tour la garantie de tous les droits humains, comme l'égalité des genres".

Video

Les syndicats mondiaux unissent leurs forces pour que le monde d'après soit celui de l'égalité dans une série de webinaires s'adressant aux travailleuses dans le contexte de la pandémie COVID -19 et au-delà : Ensemble pour une nouvelle normalité.

COVID-19: Les travailleuses sur tous les fronts

Prochains webinaires :

  • Mettre un terme à la violence sexiste en pleine pandémie" aura lieu le mardi 2 juin 2020 de 14h00 à 15h30 CEST

  • Un monde d’après fondé sur l’égalité de genre, qui aura lieu le lundi 15 juin 2020 de 14 heures CEST à 15 h 30 CEST.




Subscribe for weekly updates