
L'OMS à la croisée des chemins : Ce qu'il faut savoir
Feb 27, 2025
Consultez l'analyse de l'ISP sur la dernière réunion du Conseil exécutif de l'OMS, qui souligne les défis importants posés par le retrait des États-Unis et d'autres pays.
La 156ème réunion du Conseil exécutif de l'Organisation mondiale de la santé s'est achevée à Genève le 11 février, marquée par des développements significatifs qui pourraient remodeler la gouvernance mondiale de la santé.
En tant qu'unique Fédération syndicale internationale entretenant des relations officielles avec l'OMS, l'ISP a participé aux réunions et a préparé le résumé suivant afin d'aider les syndicats du monde entier à comprendre les développements.
L'annonce par le gouvernement des États-Unis de son intention de se retirer une nouvelle fois de l'OMS - une décision prise une semaine seulement avant la réunion - a constitué l'un des principaux développements de l'EB de cette année. Le 4 février, l'Argentine a également déclaré son retrait, et des rumeurs ont circulé selon lesquelles la Hongrie pourrait suivre.
Les États-Unis sont le principal donateur de l'OMS, puisqu'ils représentent environ 15 % de son budget. Par conséquent, le financement est devenu une question centrale dans les discussions. Les États membres ont exhorté le Secrétariat de l'OMS à fournir des implications financières détaillées pour chaque point d'action à l'ordre du jour.
Toutefois, en dépit des préoccupations financières, il n'y a pas eu de discussion approfondie sur les conséquences politiques et institutionnelles de ces retraits. L'ordre multilatéral mis en place après la Seconde Guerre mondiale a été fondé sur la gouvernance collective, les pays acceptant de partager une partie de leur souveraineté en vue d'une coopération mondiale.
Les gouvernements à l'origine de ces retraits partagent notamment une position idéologique d'extrême droite, promouvant souvent le nationalisme et des politiques néolibérales qui sapent les services publics et affaiblissent la gouvernance multilatérale. Leur départ menace la coopération internationale menée par les États et renforce un modèle profondément inquiétant de "multistakeholderism" où l'influence des entreprises prend le pas sur la gouvernance démocratique, une tendance de plus en plus marquée au sein du système des Nations unies.
Implications financières : Le passage au financement privé
Pour compenser les déficits de financement, l'OMS est en train de restructurer la Fondation de l'OMS afin d'attirer davantage de donateurs privés, augmentant ainsi l'influence des entreprises sur la politique de santé mondiale. L'ISP s'oppose fermement à cette tendance et plaide en faveur d'un accroissement des investissements publics et de la responsabilité des États. Une proposition visant à augmenter les contributions des États membres de 20 % a été introduite, mais elle s'est heurtée à l'opposition de la Russie et de la Chine.
Santé dans les territoires palestiniens occupés
Les discussions sur les conditions sanitaires en Palestine et en Cisjordanie ont été entravées par les tentatives d'Israël de retarder les procédures. Malgré les perturbations procédurales, le Conseil exécutif a voté à une écrasante majorité l'inscription de cette question à l'ordre du jour de la 78e session de l'Assemblée mondiale de la santé (AMS) en mai.
Le plaidoyer de l'ISP à l'OMS
L'ISP a fait des déclarations sur les principaux points de l'ordre du jour de l'EB-156 concernant les travailleurs de la santé et les services publics :
Couverture sanitaire universelle
Personnel de santé et de soins
Santé des femmes, des enfants et des adolescents
Urgences sanitaires
Changement climatique et santé
Orientations stratégiques mondiales pour les soins infirmiers et la profession de sage-femme
Ces sujets seront débattus lors de l'Assemblée mondiale de la santé en mai, au cours de laquelle l'ISP continuera à faire pression pour que les politiques soient centrées sur les travailleurs.
Prochaines étapes pour les syndicats de l'ISP
La 78ème Assemblée mondiale de la Santé, qui se tiendra à Genève du 19 au 27 mai 2025, sera déterminante pour la gouvernance mondiale des politiques de santé. L'ISP exhorte ses affiliés à s'engager auprès de leurs gouvernements pour garantir la représentation des travailleurs dans la prise de décision. Une note d'information détaillée sera envoyée aux affiliés du secteur de la santé et des soins afin de les inciter à mener des actions de plaidoyer sur les points importants de l'ordre du jour de l'Assemblée mondiale de la santé.