
Lors de la Conférence sur la Santé organisée par UNISON à Liverpool le 7 avril, Geneviève Gencianos, Responsable des migrations à l'ISP, a parlé des initiatives de l'ISP en faveur d'un travail décent, de services publics de qualité et d'un recrutement éthique des travailleurs.euses migrant.e.s du secteur de la santé.
Geneviève Gencianos, Coordinatrice du Programme de Migration de l'Internationale des Services Publics (ISP), une fédération syndicale internationale, s'est adressée à la Conférence d'UNISON sur la Santé, à Liverpool, lundi après-midi.
G. Gencianos a parlé du travail de l'ISP pour garantir un travail décent, des services publics de qualité et le recrutement équitable et éthique des travailleurs.euses migrant.e.s de la santé.
Elle a commencé par rappeler que, selon l'Organisation mondiale de la Santé, d'ici 2030, le monde sera confronté à une pénurie de 11,1 millions de travailleurs.euses de la santé. Cette pénurie sera marquée par de graves disparités régionales.
"Par exemple, a-t-elle déclaré, bien que l'Afrique compte 17% de la population mondiale, elle ne dispose que de 4% des professionnel.le.s de la santé. Il s'agit là d'un défi pour l'équité en matière de santé mondiale".
Aucun.e travailleur.euse ne devrait payer pour obtenir un emploi
D'ici à 2030, le Royaume-Uni devrait connaître une pénurie d'environ 500 000 professionnel.le.s de la santé.
En ce qui concerne les effets de la crise du recrutement au Royaume-Uni, G. Gencianos a déclaré : "Des entreprises peu scrupuleuses et prédatrices sont à l'origine de cette crise : elles profitent du désespoir des travailleurs.euses migrant.e.s du secteur de la santé et des soins. Ces agences exploitent les lacunes du système, profitant de la faiblesse de la réglementation et de la fragmentation de la politique migratoire."
"Il est urgent d'aligner les cadres migratoires sur les droits du travail et de l'emploi et d'appliquer une réglementation solide et transparente afin de tenir les mauvais acteurs pour responsables et de protéger les droits des travailleurs.euses".
Elle a décrit à la Conférence le travail de l'ISP dans ce domaine : "En tant que fédération syndicale internationale, l'ISP élabore des règles internationales essentielles sur la migration des travailleurs.euses de la santé. Nous avons contribué aux lignes directrices de l'Organisation internationale du Travail (OIT) sur le recrutement équitable, qui stipulent clairement l'interdiction des frais de recrutement imposés aux travailleurs.euses migrant.e.s. Aucun.e travailleur.euse ne devrait payer pour obtenir un emploi.
"Les frais de recrutement, souvent très élevés, peuvent enfermer les travailleurs.euses dans une servitude moderne. La récente enquête d'UNISON sur les travailleurs.euses migrant.e.s du secteur des soins l'indique clairement. En tant que membre de l'OIT, le gouvernement britannique est tenu de mettre en œuvre cette norme de travail. Il doit prendre des mesures pour éliminer complètement ces frais illégaux sur le papier et dans la pratique.
"À cet effet, la campagne d'UNISON visant à supprimer les visas de soins liés à l'employeur et à transférer la responsabilité au gouvernement est une mesure audacieuse et intelligente pour remédier à un système fondé sur l'inégalité.
Elle a terminé son discours en s'adressant aux délégué.e.s : "Alors que nous sommes confronté.e.s à des défis sans précédent, nous devons rester uni.e.s et solidaires à l'intérieur et à l'extérieur des frontières et, ce faisant, nous devons nous attaquer aux causes profondes de la migration et de l'exploitation.
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Travail décent, services de santé publique de qualité et recrutement équitable et éthique des travailleurs.euses migrant.e.s de la santé et des soins
Par Geneviève Gencianos, Internationale des Services Publics [1]
Une histoire de migration
Permettez-moi tout d'abord de vous raconter une histoire.
Il y a quinze ans, j'ai reçu un SMS de ma nièce, Gwendy. Elle vit aux Philippines, où je suis née.
Elle m'a dit : "Tita" - c'est ainsi que nous appelons notre tante chez nous -"Je suis enfin diplômée. Je serai infirmière !"
Mon cœur était si plein.
Vous voyez, Gwendy est comme une fille pour moi. Je l'ai aidée à financer ses études d'infirmière, en partie grâce aux fonds que j'envoyais chez moi, une partie de mon salaire. Beaucoup d'entre vous savent ce que cela signifie.
Les envois de fonds sont plus que de l'argent : ils sont une bouée de sauvetage pour nos familles et nos communautés.
Aux Philippines, comme dans de nombreux pays en développement d'où viennent les travailleurs.euses migrant.e.s de la santé et des soins, l'éducation a un coût élevé. Et ce coût est généralement supporté par les familles de travailleurs.euses.
Ma sœur est médecin et a émigré aux États-Unis il y a trente ans. Nous sommes originaires de Mindanao, dans le sud des Philippines, où la pauvreté est très répandue et où la violence, il y a bien longtemps, faisait presque partie de la vie quotidienne.
Nos parents étaient fonctionnaires - ma mère, enseignante dans une école publique ; mon père, employé municipal. Leurs salaires étaient bas, mais leur dévouement était grand. Après le travail et les week-ends, ils tenaient un petit magasin sur le marché, et nous les aidions tous.tes.
C'est ainsi qu'ils ont permis à ma sœur de faire des études de médecine. J'ai eu la chance de pouvoir étudier grâce à des bourses.
Finalement, ma nièce Gwendy a obtenu son diplôme d'infirmière et a passé ses examens. Puis, comme tant d'autres, elle a envisagé d'émigrer.
Mais elle a finalement choisi de rester aux Philippines pour y travailler.
Elle sait qu'elle fait partie des quelques chanceux.euses qui ont eu la possibilité de rester.
En effet, la migration devrait être un choix, et non une nécessité.
Mon histoire n'est qu'une des nombreuses histoires qui se cachent derrière chaque travailleur.euse migrant.e. J'ai suivi mon propre parcours migratoire et je travaille aujourd'hui pour la fédération syndicale internationale, l'Internationale des Services Publics (ISP). L'ISP regroupe plus de 700 syndicats qui représentent 30 millions de travailleurs.euses des services publics dans 154 pays. Un tiers de nos affiliés représentent environ 12 millions de travailleurs.euses dans les secteurs de la médecine, de la santé et de l'aide sociale. Je tiens à vous dire qu'UNISON est l'un de nos principaux syndicats affiliés et que sans votre soutien, nous ne pourrions pas défendre les intérêts des travailleurs.euses du secteur public partout dans le monde - je tiens donc également à vous remercier.
À l'ISP, nous utilisons notamment les politiques que vous élaborez lors de conférences comme celle-ci pour influencer la politique mondiale des Nations Unies, de l'Organisation internationale du Travail et de l'Organisation mondiale de la Santé. Je dirige le volet migration du travail de l'ISP. Il s'agit également de renforcer la capacité de tous nos affiliés à défendre, syndiquer et représenter les travailleurs.euses migrant.e.s partout dans le monde.
En qualité de Responsable de l'ISP en matière de politique migratoire, j'aimerais vous parler aujourd'hui de la question du travail décent, des services de santé publique de qualité et du recrutement équitable et éthique des travailleurs.euses migrant.e.s de la santé et des soins.
Relever nos défis communs
Selon l'Organisation mondiale de la Santé (OMS), d'ici 2030, le monde sera confronté à une pénurie de 11,1 millions de professionnels de la santé et des soins. Cette pénurie se caractérise par des inégalités criantes. Par exemple, plus de la moitié de la pénurie - 6,1 millions de travailleurs.euses - se situe dans la région africaine. Bien qu'elle compte 17% de la population mondiale, l'Afrique ne dispose que de 4% des travailleurs.euses de la santé dans le monde. Cette grave disparité, exacerbée par les maladies, les conflits et les crises climatiques, a conduit l'OMS à établir une "liste rouge" de 55 pays, dont 37 se trouvent en Afrique. La liste rouge vise à protéger les systèmes de santé confrontés à de graves pénuries en décourageant le recrutement actif dans ces pays.
Dans le même temps, les dix principaux pays à revenu élevé du monde comptent près d'un quart (23%) du personnel de santé mondial, alors qu'ils desservent moins d'un dixième (9%) de la population mondiale. D'un côté, il y a la région africaine dont les systèmes de santé sont mis à rude épreuve et qui souffre d'une pénurie de main-d'œuvre, et de l'autre, les pays à revenu élevé qui disposent d'un nombre beaucoup plus élevé de travailleurs.euses de la santé. Il s'agit d'un défi d'équité en matière de santé au niveau mondial.
Pourtant, nous savons que ces pays à hauts revenus, dont le Royaume-Uni fait partie, sont également confrontés à de graves pénuries. En travaillant avec le personnel local, nous savons que les travailleurs.euses migrant.e.s constituent l'épine dorsale du NHS et des soins à la personne. Le manque d'investissement dans la formation, les bas salaires et les conditions de travail difficiles ont créé une crise de la main-d'œuvre dans le secteur de la santé et des soins. Par exemple, d'ici 2030, le Royaume-Uni devrait connaître une pénurie d'environ un demi-million de professionnel.le.s de la santé. Il est notoire que le Royaume-Uni a bénéficié et continue de bénéficier du recrutement international de travailleurs.euses migrant.e.s dans le secteur de la santé. Il a permis de sauver le NHS. Il en va de même pour les services sociaux, qui seront confrontés à une pénurie d'environ un demi-million de travailleurs.euses sociaux.ales d'ici à 2030.
Bien qu'ils soient essentiels au fonctionnement de ces systèmes, les travailleurs.euses migrant.e.s de la santé et des soins restent sous-évalué.e.s, sous-compensés et vulnérables à l'exploitation. Nombre d'entre eux.elles sont confronté.e.s à des conditions d'emploi précaires, au racisme, à des pratiques discriminatoires et à des obstacles à la progression de leur carrière. La récente enquête d'UNISON sur les travailleurs.euses migrant.e.s du secteur des soins a confirmé ces difficultés.
Dans les autres pays à revenu élevé qui accueillent des travailleurs.euses migrant.e.s du secteur de la santé et des services sociaux, tels que l'Australie, la Belgique, le Canada, la France, l'Allemagne, l'Arabie Saoudite, la Suisse, les Émirats arabes unis et les États-Unis, nous sommes confronté.e.s aux mêmes problèmes d'exploitation et de sous-évaluation des travailleurs.euses du secteur de la santé. Tous ces pays bénéficient du recrutement international et en deviennent de plus en plus dépendants, ce qui constitue un modèle de développement problématique.
Le paradoxe est que les gouvernements conservateurs, d'extrême droite et autoritaires adoptent une politique de contrôle des migrations, traitant la migration comme une question de sécurité et s'appuyant sur un discours de peur, éclipsant l'importance de notre humanité et le respect des droits humains. Le traitement cruel et indigne des migrant.e.s aux États-Unis, où les travailleurs.euses migrant.e.s sans papiers et leurs familles sont rassemblé.e.s, enchaîné.e.s lors d'expulsions massives et détenu.e.s dans des prisons à but lucratif, est une démonstration scandaleuse et dangereuse de ce qui se passe lorsque nous laissons les politiciens utiliser l'immigration à des fins électorales. Mais nos camarades des syndicats et des communautés américaines ripostent. Ils se mobilisent dans la rue, fournissent des ressources et des outils aux migrant.e.s et aux militant.e.s des droits humains contre les raids des services d'immigration, défendent des lieux de travail sûrs, utilisent les médias et le système judiciaire. Les syndicats de l'ISP s'érigent en avant-garde de la démocratie, en défendant les droits à la négociation collective des travailleurs.euses du secteur public et en soutenant les communautés sur le terrain dans leur résistance à l'érosion de nos valeurs de diversité, d'égalité et d'inclusion, qui ont été durement conquises. Le fait d'être syndiqué.e.s renforce notre résistance et maintient la démocratie en vie en ces temps très difficiles.
Tout en s'appuyant fortement sur la main-d'œuvre immigrée pour assurer le fonctionnement des services publics et des entreprises, les gouvernements conservateurs et d'extrême droite mettent en œuvre un programme néo-libéral qui bafoue les droits des travailleurs.euses immigré.e.s faiblement rémunéré.e.s. Ils choisissent avec soin celles et ceux qui sont admis.es et celles et ceux qui obtiennent des droits. Cette approche discriminatoire met en évidence une chose : la migration de la main-d'œuvre est une question syndicale - et c'est pourquoi des syndicats comme UNISON interviennent.
En tant que mouvement syndical mondial, nous appelons à une gouvernance des migrations fondée sur les droits humains, sensible au genre et centrée sur les personnes, ce qui inclut un travail décent pour tous.tes les travailleurs.euses et le recrutement équitable et éthique de travailleurs.euses migrant.e.s dans le domaine de la santé et des soins.
Dans les pays d'origine des travailleurs.euses migrant.e.s, les travailleurs.euses de la santé sont confronté.e.s à la même situation. Je cite notre affilié philippin, PSLINK :
"Alors que la migration des travailleurs.euses de la santé augmente, nos propres travailleurs.euses de la santé dans le pays continuent de souffrir de conditions très médiocres. Nombre d'entre eux.elles sont toujours sous-payé.e.s et surchargé.e.s de travail. Le salaire des infirmières est inférieur au minimum vital. De nombreux travailleurs.euses de la santé occupent des emplois précaires, sans sécurité d'emploi ni protection sociale adéquate. Certaines régions du pays, en particulier les plus pauvres et les plus reculées, n'ont toujours pas accès aux médecins et aux infirmières.
Cela illustre la façon dont l'absence de travail décent favorise les migrations internationales.
Le sous-financement chronique des soins de santé publics et le détournement des ressources au profit de la privatisation aggravent les inégalités en matière de santé. Les patient.e.s et les bénéficiaires de soins se voient refuser des services de qualité, tandis que le personnel est confronté à une réduction des effectifs, à une détérioration des conditions de travail et à l'épuisement professionnel. Cette situation est à l'origine d'un taux de démissions élevé, de graves pénuries et de l'exode des professionnel.le.s de la santé. Au Royaume-Uni, nous assistons même à un phénomène de ré-émigration - des infirmières étrangères qualifiées quittent le pays pour de meilleures conditions ailleurs. C'est pourquoi UNISON prend des mesures, avec une motion lors de cette Conférence qui vise à améliorer les conditions des infirmières étrangères - parce qu'elles sont vitales pour le NHS, et qu'elles méritent toutes les raisons de rester.
Au milieu de cette crise aggravée, des agences de recrutement sans scrupules et prédatrices prospèrent, profitant du désespoir des travailleurs.euses migrant.e.s de la santé et des soins. Ces agences exploitent les lacunes du système, profitant de la faiblesse de la réglementation et de la fragmentation de la politique migratoire. Il est urgent d'aligner les cadres migratoires sur le droit du travail et de l'emploi, et d'appliquer une réglementation solide et transparente afin de tenir les mauvais acteurs pour responsables et de protéger les droits des travailleurs.euses.
Le recrutement international et la migration des travailleurs.euses de la santé et des soins nous concernent tous.tes, que nous soyons dans les pays d'origine ou de destination. Certes, la migration apporte des avantages. Mais en l'absence de politiques fondées sur les droits, tenant compte de la dimension de genre et d'une réglementation stricte, elle peut épuiser les systèmes de santé, exploiter les travailleurs.euses et faire passer les profits avant le droit des personnes à la santé et aux soins.
La réponse de l'ISP : élaborer une politique mondiale
Que fait donc l'ISP à ce sujet ?
En tant que fédération syndicale internationale, l'ISP élabore des règles internationales essentielles sur la migration des personnels de santé.
À l'Organisation internationale du Travail, nous avons contribué à l'élaboration des Directives de l'OIT sur le recrutement équitable en 2016, qui énoncent clairement l'interdiction des frais de recrutement imposés aux travailleurs.euses migrant.e.s. Aucun.e travailleur.euse ne devrait payer pour obtenir un emploi. Les frais de recrutement, souvent très élevés, peuvent enfermer les travailleurs.euses migrant.e.s dans une servitude pour dettes moderne. La récente enquête d'UNISON sur les travailleurs.euses migrant.e.s du secteur des soins l'indique clairement. En tant que membre de l'OIT, le gouvernement britannique est tenu de mettre en œuvre cette norme de travail. Il doit prendre des mesures pour éliminer complètement ces frais illégaux sur le papier et dans la pratique.
À cet effet, la campagne d'UNISON visant à supprimer le visa de soins lié à l'employeur et à transférer la responsabilité au gouvernement est une mesure audacieuse et intelligente pour réparer un système fondé sur l'inégalité.
À l'Organisation mondiale de la Santé, où l'ISP est la seule fédération syndicale internationale à entretenir des relations officielles, nous faisons pression pour une mise en œuvre plus stricte du Code de Pratique mondial de l'OMS pour le recrutement éthique des personnels de santé, adopté en 2010. Ce code protège les travailleurs.euses migrant.e.s de la santé et les systèmes de santé des pays pauvres qui subissent l'impact du recrutement international.
Le Royaume-Uni affirme respecter ce code, mais des lacunes subsistent. C'est pourquoi UNISON et l'ISP pressent le Royaume-Uni de joindre le geste à la parole et de mettre pleinement en œuvre ces normes éthiques.
Sur le front de la gouvernance, l'ISP a joué un rôle crucial dans l'élaboration des lignes directrices des Nations Unies sur les accords bilatéraux de migration de main-d'œuvre en 2022, en plaçant les droits humains et le recrutement équitable au centre des préoccupations. Ces orientations prévoient une forte implication des syndicats et un véritable dialogue social.
Sur cette base, nous avons collaboré avec l'OMS pour élaborer les lignes directrices de 2024 sur les accords bilatéraux relatifs à la migration des travailleurs.euses de la santé. Le fait que ces orientations reconnaissent les syndicats comme des acteurs clés - non seulement dans les négociations, mais aussi dans la mise en œuvre et la surveillance - est une victoire.
Nous avons établi les normes mondiales. Il s'agit maintenant de les ramener à la maison, d'utiliser ces cadres pour renforcer le pouvoir des syndicats au niveau national.
De la politique mondiale au renforcement du pouvoir sur le lieu de travail
Comment collaborer avec UNISON et nos autres affiliés pour renforcer le pouvoir ?
Dans le secteur des soins, l'ISP collabore avec UNISON à la réalisation du Manifeste de l'ISP sur les Soins, qui encadre le développement des systèmes nationaux de soins sur le droit humain aux soins, l'égalité des genres et le soutien aux droits de se syndiquer et à la négociation collective dans le secteur des soins.
Comme je l'ai souligné précédemment, les défis auxquels sont confrontés les travailleurs.euses migrant.e.s du secteur de la santé et des soins ne se posent pas seulement au Royaume-Uni. C'est également le cas au Canada, aux États-Unis, en Corée et dans d'autres pays européens qui recrutent des travailleurs.euses migrant.e.s.
Une victoire concrète dont nous sommes fier.e.s est le partenariat entre notre syndicat PSLINK aux Philippines et ver.di en Allemagne. Ensemble, ils ont réussi à pousser leurs gouvernements à inclure les syndicats dans la mise en œuvre de l'accord bilatéral Allemagne-Philippines sur les infirmières, par l'intermédiaire d'un comité de suivi conjoint. Cela signifie que les syndicats s'assoient à la table des gouvernements et des employeurs hospitaliers pour surveiller les conditions de travail des infirmières, proposer des améliorations et élaborer un contrat type pour les infirmières philippines qui émigrent en Allemagne. Ce contrat garantit l'égalité des salaires et des conditions dans le cadre des conventions collectives, interdit les frais de recrutement et assure une formation linguistique gratuite ainsi qu'une aide à l'intégration pour les infirmières migrantes. Il est important de noter que l'accord comprend également un engagement de l'Allemagne à soutenir le développement du personnel de santé aux Philippines. C'est à cela que ressemble le dialogue social, qui permet d'améliorer la vie des travailleurs.euses migrant.e.s et de protéger les systèmes de santé.
Au Ghana, nous avons travaillé avec nos syndicats de la santé pour inclure une politique de réintégration dans leurs conventions collectives. Cela signifie que les travailleurs.euses de la santé ghanéen.e.s qui rentrent dans leur pays après avoir travaillé à l'étranger verront leurs compétences et leur expérience officiellement reconnues, de sorte qu'ils.elles pourront être recruté.e.s équitablement et réintégré.e.s dans le secteur ghanéen de la santé.
Au Kenya, nous avons aidé nos syndicats du secteur de la santé à mener des campagnes de sensibilisation et d'éducation. En conséquence, plusieurs infirmières ont reconsidéré leur projet de migration et ont choisi de rester, rejoignant le syndicat dans la lutte collective contre la privatisation des soins de santé et défendant fermement leur convention collective.
Pour aller de l'avant, l'ISP facilite les partenariats entre syndicats dans les pays d'origine et de destination. Ces partenariats contribueront à soutenir les travailleurs à chaque étape de leur voyage : en créant des informations claires et accessibles avant qu'ils n'émigrent, en partageant un soutien vital entre les syndicats au-delà des frontières et en organisant les travailleurs.euses migrant.e.s où qu'ils.elles soient - avant le départ, après l'arrivée et même lorsqu'ils.elles retournent dans leur pays d'origine. Nous inciterons les gouvernements à élaborer des accords de travail bilatéraux équitables et éthiques, et nous veillerons à ce que les syndicats aient un siège à la table des négociations lors de l'élaboration, de la mise en œuvre et du suivi de ces accords.
Récemment, l'ISP, notre affilié philippin PSLINK et UNISON ont mis en place un partenariat pilote pour mettre ces principes en pratique. Jusqu'à présent, nous avons notamment convenu qu'UNISON organiserait des séances d'orientation et de formation pour les infirmières philippines nouvellement arrivées. UNISON a également écrit au gouvernement britannique pour lui demander de participer à l'accord bilatéral sur le travail entre les Philippines et le Royaume-Uni. Aux Philippines, PSLINK s'efforcera d'obtenir du ministère des travailleurs.euses migrant.e.s qu'il distribue le matériel d'orientation et de recrutement d'UNISON et d'impliquer les syndicats dans l'organisation de séminaires d'orientation avant le départ pour les infirmières migrantes.
Nous avons également discuté de la possibilité d'un passeport syndical. Grâce à ce passeport, les infirmières philippines qui émigrent au Royaume-Uni et qui sont déjà membres d'un syndicat aux Philippines pourraient bénéficier d'une sorte d'adhésion temporaire à UNISON à leur arrivée. Nous n'en sommes qu'au début, mais nous espérons pouvoir créer un modèle que nous pourrons reproduire dans d'autres pays.
Conclusion et appel à l'action
Pour conclure, alors que nous sommes confronté.e.s à des défis sans précédent, nous devons rester uni.e.s et solidaires à l'intérieur et à l'extérieur des frontières. Ce faisant, nous devons également nous attaquer aux causes profondes de la migration et de l'exploitation. Avec l'ISP, UNISON participe activement à la lutte contre ces causes profondes.
Au Kenya, au Ghana et en Indonésie, nous organisons les travailleurs.euses de la santé dans les hôpitaux et les cliniques privés, en veillant à ce qu'ils.elles aient une voix collective, même dans les environnements les plus difficiles.
Aux Philippines, les affiliés de l'ISP ont reçu un financement de démarrage pour organiser des ateliers à l'intention des agents de santé communautaire, dans le but de les faire passer du statut de bénévoles à celui d'employées officielles du gouvernement jouissant de tous les droits et de toutes les protections.
Lors de l'épidémie d'Ebola en Afrique de l'Ouest en 2018, UNISON a obtenu des équipements de protection vitaux pour les travailleurs.euses de la santé au Libéria, au Nigéria et en Sierra Leone.
Il s'agit là d'une solidarité transfrontalière.
Comme j'ai commencé par une histoire personnelle, permettez-moi de conclure en vous laissant sur trois messages clés :
1. La solidarité ne connaît pas de frontières. Les luttes des travailleurs.euses sont mondiales et, ensemble, nous pouvons vaincre les forces qui nous divisent.
2. Nous sommes tous et toutes des migrant.e.s. La migration et la mobilité se poursuivront, sous l'effet des changements démographiques, du manque de travail décent et des effets dévastateurs des conflits et du changement climatique. Tout le monde peut devenir un migrant. C'est pourquoi nous nous engageons, en tant que mouvement unifié, à lutter pour un travail décent, un recrutement équitable et éthique, ainsi que pour la justice et la dignité pour tous.tes les travailleurs.euses migrant.e.s.
3. Enfin, le pouvoir des travailleurs.euses migrant.e.s réside dans le syndicat.
Je vous souhaite des délibérations fructueuses et une Conférence inspirante !
[1] Discours prononcé lors de la conférence du groupe UNISON National Health Care Service, 7-9 avril 2025, Liverpool, Royaume-Uni.