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Les syndicats luttent contre la pauvreté pour un monde du travail transformateur pour l’égalité de genre

Jan 8, 2024

Les Global Unions ont soumis une déclaration commune à l'UNCSW68 dans un appel global à l'action pour améliorer la situation de pauvreté et d'inégalité à laquelle sont confrontées les femmes sur le marché du travail mondial.

Les Global Unions ont soumis une déclaration commune à l'UNCSW68 dans un appel global à l'action pour améliorer la situation de pauvreté et d'inégalité à laquelle sont confrontées les femmes sur le marché du travail mondial.

La déclaration souligne le cercle vicieux de la pauvreté, des disparités entre les sexes et de la discrimination qui persistent en raison de la répartition inéquitable des tâches non rémunérées, du manque d'accès à l'éducation, d'une protection sociale inadéquate et de l'impact de la pandémie de COVID-19. La déclaration souligne le rôle des syndicats dans la lutte contre la pauvreté et la promotion du progrès social par le biais de la négociation collective et du dialogue social. Elle se termine par une liste d'actions spécifiques que les gouvernements devraient envisager, telles que l'investissement dans la création de nouveaux emplois, la garantie de salaires équitables, la réforme des systèmes financiers et commerciaux, le renforcement des services publics et le soutien au programme de transformation de l'Organisation internationale du travail.

La déclaration complète peut être téléchargée sur le site web de la CSW68.

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La voix des travailleuses à l'ONU : des femmes syndicalistes du monde entier se préparent à participer à la 68e session de la Commission de la condition de la femme (UNCSW67), qui se tiendra au siège des Nations Unies à New York du 11 au 22 mars 2024.

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Les syndicats combattent la pauvreté en s’appuyant sur le dialogue social et la négociation collective afin de parvenir à un monde du travail porteur de transformations pour l’égalité des genres

Le monde n’a jamais été aussi riche qu’aujourd’hui (trois fois plus de richesses qu’il y a trente ans) et, pourtant, 685 millions de personnes vivent dans une extrême pauvreté et des centaines de millions de travailleurs, dont une majorité de femmes, occupent des emplois précaires et informels. L’inégalité atteint des niveaux sans précédent: 1% de la population détient 38% de toute la richesse tandis que les 50% les plus pauvres n’en possèdent que 2%. En 2022, les actionnaires ont obtenu des dividendes record, alors que plusieurs milliards de personnes à travers la planète luttent pour survivre face à la crise du coût de la vie: les salaires des travailleurs sont trop faibles et plus de la moitié du monde n’a pas accès à la protection sociale. Depuis une décennie, la dégradation des droits des travailleurs génère la pauvreté, l’inégalité, l’injustice, l’exclusion et la précarité, qu’un faisceau de crises multiples ne fait qu’aggraver: crise mondiale des soins, crise du climat et de la biodiversité, érosion de la démocratie et de la liberté d’expression, montée de l’extrême droite.

Les changements qui s’opèrent dans les modèles traditionnels de travail, résultant notamment des nouvelles technologies, de la numérisation et du recours abusif aux contrats temporaires et de courte durée, donnent lieu à une considérable précarité du travail et menacent la liberté syndicale, la négociation collective et l’accès à la protection du travail. Les femmes sont les plus durement touchées. Elles sont surreprésentées dans les emplois de mauvaise qualité et faiblement rémunérés et sont profondément affectées par des formes persistantes de discrimination, d’exclusion, de violence fondée sur le genre, et des systèmes interconnectés d’oppression basés sur la classe sociale, l’origine ethnique, la race, le statut de migrant, les capacités, l’orientation sexuelle, l’identité sexuelle et d’autres motifs. L’écart entre les hommes et les femmes en termes de participation à l’activité économique reste bloqué à 27%. En moyenne, les femmes continuent d’être payées 20% de moins que les hommes et, à cette cadence, il faudra 257 ans pour combler les disparités salariales mondiales entre les hommes et les femmes. Les filles qui grandissent dans les familles les plus pauvres sont toujours exclues de l’éducation. Au rythme actuel des progrès, nous parviendrons à l’enseignement primaire universel pour les filles dans 54 ans. De surcroît, 53,1% de la population mondiale – soit 4,1 milliards de personnes – n’ont aucune protection sociale. Seulement 30,6% de la population en âge de travailler sont juridiquement couverts par des systèmes de sécurité sociale complets comprenant tout un ensemble de prestations.

Lorsque les femmes ont accès à la protection sociale, elles bénéficient d’une moins bonne couverture sociale et les prestations qu’elles reçoivent sont nettement inférieures, étant donné que les régimes contributifs pénalisent les femmes, qui assument souvent une partie disproportionnée des tâches de soins non rémunérées. Cette charge s’alourdit encore quand les services publics sont inexistants, inappropriés ou privatisés. Une vaste proportion de femmes éprouvent de grandes difficultés pour obtenir et garder un emploi payé, à cause de la violence fondée sur le genre et du harcèlement au travail.

Parmi les principaux facteurs à l’origine des écarts tenaces entre les hommes et les femmes dans le monde du travail, citons la répartition injuste du travail de soins non rémunéré, l’organisation sociale inadaptée des soins et, depuis plusieurs décennies, la fragilisation de la responsabilité de l’État à l’égard des politiques de soins, le sous-investissement dans l’économie des soins – plus précisément la santé publique et les services de soins et d’éducation –, la déréglementation, le sous-financement, et la privatisation – lorsque les entreprises s’emparent de la santé et des soins. Il convient de noter que 90% des femmes qui ont perdu leur emploi au cours des 18 premiers mois de la pandémie de COVID-19 ont quitté le marché du travail; en outre, les femmes ont perdu près de 800 milliards de dollars US de revenus. Cette perte est comparable au PIB de 98 pays cumulés. La pandémie a révélé un écart de 8% entre les sexes pour la protection sociale. Les femmes effectuaient déjà trois fois plus de travail de soins non rémunéré que les hommes, et leurs responsabilités de soins ont augmenté pendant la pandémie. Cet épisode a également mis en évidence l’importance des services publics, surtout des services de première ligne. La pandémie a approfondi les inégalités en matière d’éducation chez les filles et les jeunes femmes, entraînant une hausse des taux d’abandon scolaire, des grossesses chez les adolescentes et des mariages des jeunes filles. Les femmes ont subi une forte augmentation de la violence domestique et de la violence et du harcèlement fondés sur le genre dans le monde du travail. Les femmes migrantes et réfugiées, les jeunes femmes et les femmes plus âgées, les femmes autochtones, racialisées, handicapées et les personnes LGBTI+ ont été particulièrement touchées.

Rompre le cycle de la pauvreté nécessite le plein emploi et le travail décent pour tous, ce qui passe par la création de millions d’emplois décents, la formalisation des emplois informels menée par les travailleurs, un accès universel aux régimes et aux socles de protection sociale, un accès équitable aux services publics de qualité et aux possibilités d’éducation et de formation de qualité gratuites et inclusives.

Aux niveaux local, national, sectoriel ou mondial, les syndicats sont au premier plan de la lutte contre la pauvreté, y compris la pauvreté au travail, et de la volonté de créer une société plus juste. Il n’est possible d’atteindre ce but que lorsque les travailleurs peuvent effectivement s’organiser, militer et participer au dialogue social et à la négociation collective, et être représentés dans toute leur diversité tout au long des négociations et des prises de décisions relatives aux importantes questions économiques et sociales qui les concernent, eux et leur famille.

Dans ce contexte, les syndicats ont œuvré à l’adoption de lois et de politiques novatrices pour hisser les femmes hors de la pauvreté en leur donnant davantage de possibilités d’obtenir et de garder un emploi payé, sûr et décent, exempt de violence, de harcèlement et de discrimination fondés sur le genre. Les syndicats prennent part au dialogue social, exercent des pressions et plaident en faveur de l’accès des femmes à une protection sociale universelle adéquate et à des services publics de qualité pour déplacer la responsabilité des tâches de soins non rémunérées incombant aux femmes et aux filles et assurer une transition juste porteuse de transformations pour l’égalité des genres. Les syndicats visent la justice salariale et un salaire égal pour un travail de valeur égale, tout particulièrement dans les secteurs féminisés, dont les emplois sont sous-estimés, comme dans l’éducation, la santé et les soins à la personne.

Le dialogue social est essentiel pour transformer le développement économique en progrès social. La pandémie de COVID-19 a démontré le rôle crucial du dialogue social – reposant sur le respect de la liberté syndicale et la reconnaissance effective du droit de négociation collective – pour sauver les emplois, les revenus et la vie de millions de travailleurs et travailleuses.

Or, les droits fondamentaux des travailleurs, tels que le droit de créer un syndicat et d’adhérer à un syndicat, et les syndicats eux-mêmes, subissent des attaques incessantes, qui provoquent l’érosion de la négociation collective, la baisse des salaires, l’affaiblissement des droits et des protections du travail, la réduction de la protection sociale, des réactions hostiles aux lois, politiques et mesures sur l’égalité, et une hausse des inégalités.

L’Organisation internationale du travail (OIT) doit être forte pour piloter le programme multilatéral. L’OIT, la seule entité des Nations Unies disposant d’un collège électoral tripartite, joue un rôle primordial dans l’élaboration des normes sur le travail, ce qui est nécessaire pour renforcer les lois et les politiques nationales et améliorer la vie et la dignité des travailleurs, ainsi que le respect des droits fondamentaux. Le programme porteur de transformations de l’OIT aide les femmes à sortir de la pauvreté en faisant progresser l’égalité entre les hommes et les femmes, l’égalité de traitement, les opportunités pour tous et toutes, la non-discrimination et l’inclusion. Il s’agit à cet égard de réduire les disparités salariales entre les sexes, de promouvoir le travail décent, notamment dans le domaine des soins en adoptant des politiques de congés pour soins, et de mettre fin à la violence et au harcèlement fondés sur le genre dans le monde du travail.

La réforme des institutions financières internationales est également indispensable pour garantir les conditions propices à une création d’emplois porteuse de transformations pour l’égalité des genres et, en même temps, à la formalisation dirigée par les travailleurs. Il est tout aussi crucial de mettre en place un système commercial respectueux des travailleurs, d’élaborer et d’appliquer une politique industrielle qui apporte un soutien international aux initiatives politiques industrielles nationales.

Le groupement Global Unions appelle les gouvernements à prendre des mesures concertées visant à permettre à des millions de femmes de sortir de la pauvreté et de vivre dans la dignité et l’égalité, grâce à la sécurité de revenu et à l’égalité des chances pour accéder au travail rémunéré, décent et formel, exempt de violence et de harcèlement, atteindre les Objectifs de développement durable, accélérer la mise en œuvre de la Plateforme d’action de Beijing et utiliser l’Accélérateur mondial des Nations Unies pour l'emploi et la protection sociale pour des transitions justes, assorti d’objectifs ambitieux sur la création d’emplois décents dans l’économie des soins et sur l’instauration de socles de protection sociale pour tous et toutes d’ici 2030.

Nous exhortons les gouvernements à entamer le dialogue social avec les syndicats pour:

  • Mettre au point des plans nationaux pour l’emploi et investir dans la création de 575 millions de nouveaux emplois décents d’ici 2030, plus spécifiquement dans l’économie des soins et les emplois respectueux du climat, en veillant à une transition juste soucieuse de la dimension de genre vers des économies durables pour tous sur le plan environnemental, et à la formalisation d’un milliard de travailleurs et travailleuses informels menée par les travailleurs.

  • Assurer des investissements publics appropriés à long terme pour créer 300 millions de nouveaux emplois décents dans l’éducation, la santé, les soins à la personne et les services sociaux. Garantir un accès équitable à des services publics de qualité porteurs de transformations dans les secteurs de la santé, de l’éducation, de la petite enfance, des soins de longue durée, et du transport. Garantir le travail décent à tous les travailleurs et travailleuses du secteur des soins. Mettre fin aux restrictions de la masse salariale dans le secteur public, en particulier celles qui sont imposées par le Fonds monétaire international. Adopter des politiques du marché du travail inclusives, des politiques de soutien à la famille au travail et des mesures de protection sociale qui tiennent compte de la dimension de genre et permettent un partage équitable des responsabilités et des tâches de soins.

  • Garantir des salaires équitables pour tous et toutes et, dans cette perspective, établir des salaires minimums vitaux, offrir un salaire égal pour un travail de valeur égale, améliorer la rémunération et les conditions de travail, surtout dans les secteurs féminisés, combattre les discriminations croisées fondées sur la classe sociale, le genre, la race, l’origine ethnique, l’orientation sexuelle, l’identité sexuelle, le handicap, le statut de migrant ou d’autochtone, ou d’autres motifs, et mettre un terme à la ségrégation professionnelle des femmes et d’autres groupes marginalisés. Garantir aux femmes le droit fondamental au travail.

  • Réformer les systèmes financiers et commerciaux du globe, qui privent de prospérité des milliards de personnes. Bâtir un monde pacifique et créer un modèle de développement juste et fondé sur les droits en tenant la promesse des ODD et en procédant à des réformes multilatérales.

  • Renforcer les services publics qui engagent les communautés, favorisent la dignité et établissent un filet de sécurité et des socles de protection sociale. Des services publics de qualité porteurs de transformations pour l’égalité des genres sont le meilleur moyen d’instaurer et de stabiliser l’égalité dans la société – en offrant à chacun un accès égal et universel aux services publics tout au long de la vie, de l’éducation préscolaire aux soins aux personnes âgées.

  • Garantir des systèmes et des socles de protection sociale universels et porteurs de transformations pour l’égalité des genres, et créer un fonds mondial pour la protection sociale dans le but d’aider les pays à faible revenu à mettre en place des régimes de protection sociale conformes aux normes de l’OIT. Repenser les systèmes de protection sociale afin que les périodes de soins soient rétribuées équitablement; veiller à ce que les contributions continuent d’être versées pendant les congés pour soins; établir des régimes publics de protection sociale non contributifs appropriés, par exemple des pensions de base et des prestations de chômage avec un minimum garanti.

  • Assurer un accès équitable aux opportunités d’éducation et de formation de qualité, gratuites et inclusives, en termes de développement des compétences, de formation et d’apprentissage tout au long de la vie, à l’aide de stratégies d’éducation et de formation accompagnées de politiques actives du marché du travail en ce qui concerne les qualifications, le recyclage et le perfectionnement professionnel. C’est un point essentiel pour garantir des plans de transition juste porteurs de transformations pour l’égalité des genres en réponse au changement climatique et à l’évolution technologique.

  • Réduire le fossé numérique mondial, au niveau national et entre le Nord et le Sud, et garantir l’accès à Internet à chacun, sur toute la planète, considérant qu’il s’agit d’un droit humain; veiller à un accès significatif et équitable à la technologie pour tous; prévoir des politiques et des stratégies de numérisation proactives et porteuses de transformations pour l’égalité des genres. Faire en sorte que les nouvelles technologies et la technologie verte favorisent le travail décent pour tous, ainsi que l’égalité et l’équité entre les hommes et les femmes dans le monde du travail.

  • Soutenir pleinement l’OIT, avec sa fonction normative, sa structure tripartite et son programme de travail décent; assurer le respect et la mise en œuvre effective des principes et droits fondamentaux au travail de l’OIT, notamment la liberté syndicale et la reconnaissance du droit de négociation collective (Conventions 87 et 98 de l’OIT), l’élimination de la discrimination en matière d’emploi et de profession (Conventions 100 et 111 de l’OIT), la sécurité et la santé des travailleurs (Conventions 155 et 187 de l’OIT). Accélérer l’égalité et l’équité dans le monde du travail, ratifier et appliquer efficacement les Conventions de l’OIT sur la sécurité sociale (102), les responsabilités familiales (156), les peuples indigènes (169), la protection de la maternité (183), les travailleurs domestiques (189), la violence et le harcèlement (Convention 190 et Recommandation 206 de l’OIT).


Déclaration présentée par l’Internationale de l’éducation, la Fédération internationale des journalistes, la Confédération syndicale internationale, la Fédération internationale des ouvriers du transport, l’Union internationale des travailleurs de l’alimentation, de l’agriculture, de l’hôtellerie-restauration, du tabac et des branches connexes et l’Internationale des services publics, des organisations non gouvernementales dotées du statut consultatif auprès du Conseil économique et social

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