Les dirigeant.e.s de l'ISP et de CGLU discutent de la santé et sécurité des travailleurs.euses de première ligne pendant la crise COVID-19

La session virtuelle a rassemblé et facilité le dialogue entre des représentant.e.s des collectivités territoriales et des syndicats des gouvernements locaux et régionaux (GLR) du monde entier. L'objectif était de partager les expériences des partenaires sociaux des GLR pour relever les défis communs posés par Covid-19 et de partager des solutions conjointes pour assurer la continuité des services publics tout en protégeant la santé et la sécurité des travailleurs.euses de première ligne.

La session a inclus des contributions des représentants.es des membres de CGLU des villes de Goyang (Corée), Nur-Sultan (Kazakhstan), Ouagadougou (Burkina Faso), du Conseil provincial de Barcelone (Espagne) et de l'Association brésilienne des gouvernements locaux (CNM); ainsi que des représentants syndicaux des services publics affiliés à l'ISP d'Italie (CGIL Funzione Pubblica), du Royaume-Uni (UNISON), du Brésil (SINDSEP-CUT), du Danemark (HK Kommunal), de France (CFDT Interco) et de Tunisie (UGTT Municipaux). Un représentant de l'Organisation internationale du travail (OIT) s'est également joint au deuxième panel et le Secrétaire général de Metropolis a fait les remarques de clôture de la session.

Les participant.e.s ont souligné l'importance du dialogue social et de la solidarité comme éléments essentiels à la reprise dans le post-Covid-19 et ont insisté sur l'importance de renforcer le dialogue entre les gouvernements locaux et les syndicats des travailleurs.euses collectivités territoriales afin de mettre en place des services publics locaux plus forts au lendemain de la crise.

La session a été présentée par Rosa Pavanelli, Secrétaire générale de l'Internationale des services publics (ISP). Elle a fait remarquer que de nombreuses collectivités territoriales ont réagi à la pandémie - en particulier là où la coordination au niveau national a été faible - en relocalisant la production, ce qui peut également être un moyen d'encourager le développement économique local, tout en stockant des matériaux essentiels à assurer la préparation en cas de futures pandémies. Elle a ajouté que le dialogue entre les représentant.e.s des gouvernements locaux et les syndicats de travailleurs.euses est essentiel pour assurer une réponse adéquate dans le futur, ce qui a fait défaut à cette occasion. Enfin, elle a appelé à "renforcer l'alliance entre ISP et CGLU et à être plus audacieux ensemble, en osant demander un rôle plus important pour les gouvernements locaux, y compris le pouvoir de prélever des impôts locaux sur les entreprises multinationales".

André Dizkus, Chef de la section des services urbains de base, Division des solutions globales, ONU-Habitat, a expliqué les défis auxquels sont confrontés de nombreux.euses travailleurs.euses des services publics lorsqu'ils/elles travaillent à domicile et a demandé qu'ils/elles soient valorisé.e.s et reconnu.e.s. Il a transmis un message de la Directrice exécutive d'ONU-Habitat, Maimunah Mohd Sharif, qui a déclaré que "la compassion et la solidarité sont nécessaires pour faire face à cette crise, tout comme le sont les collectivités territoriales et l’attention qu’elles doivent aux travailleurs et travailleuses du secteur public".

Emilia Saiz, Secrétaire générale de CGLU, a soutenu que, pour défendre les services publics, un partenariat entre les organisations de travailleurs.euses et les collectivités territoriales est nécessaire, afin de mettre en lumière la menace qui pèse sur leur durabilité. Elle a salué le partenariat avec l'Internationale des services publics comme la voie à suivre. "Il est essentiel de garantir la durabilité de la prestation des services publics, et cela inclut l'amélioration des emplois précaires et des services sous-financés. La reconnaissance de certains emplois comme essentiels, y compris ceux qui ont été externalisés, devra faire partie de l'équation si nous voulons créer des systèmes résilients", a-t-elle déclaré.

Edgardo Bilsky, Directeur de la recherche de CGLU, a animé la première table ronde, centrée sur la nécessité d'un « Dialogue social pour des services publics locaux forts et résilients”

Armand Béouindé, Maire de Ouagadougou, a souligné les mesures prises par la ville pour protéger les/las travailleurs.euses des services publics, telles que l'autorisation à un plus grand nombre d'employé.e.s à travailler à domicile, l'augmentation du roulement du personnel à la mairie et la réduction des heures de travail, ainsi que le renforcement des protocoles de santé et de sécurité pour les travailleurs.euses de nettoyage et d'entretien des bâtiments publics.

Juneia Batista, Responsable du Secrétariat national des femmes de la Central Única dos Trabalhadores (CUT) et membre de l'exécutif du Syndicat des travailleurs municipaux de São Paulo (SINDSEP-SP), Brésil, a souligné la situation dramatique et le risque élevé de contamination auxquels sont confrontés les travailleurs.euses municipaux.alse brésilien.ne.s, en particulier ceux/celles des services sociaux et des pompes funèbres, parmi lesquel.le.s il y a eu des décès. Elle a souligné les efforts incessants déployés par les syndicats pour ouvrir un dialogue avec les autorités locales sur la nécessité d’assurer des niveaux de personnel adéquats et sur l'accès aux équipements de santé et de sécurité nécessaires pour assurer la continuité des services publics.

Pilar Diaz, Maire d'Esplugues de Llobregat et conseillère adjointe aux relations internationales du Conseil provincial de Barcelone, a expliqué que de nombreux services ont été numérisés et des procédures intégrées à la municipalité. Elle a appelé les autorités locales et les syndicats à coopérer dans la lutte contre la pandémie, en soulignant que le dialogue social était la voie à suivre.

Mads Samsing, Président du Comité permanent des collectivités locales et régionales de la Fédération syndicale européenne des services publics (FSESP) et vice-président de HK Kommunal, a déclaré que la pandémie, ainsi que les mesures de réouverture, étaient mieux traitées par le dialogue social, l'information et la consultation et les accords entre partenaires sociaux des GLR à tous les niveaux du lieu de travail. Il a annoncé le lancement prochain d'une déclaration commune entre le CCRE et la FSESP appelant, entre autres, à l'affectation de ressources adéquates pour renforcer les services publics locaux et assurer une reprise rapide. Discours complet de Mads Samsing (en anglais).

Nicoletta Grieco, Cheffe du bureau international de CGIL Funzione Pubblica, a déclaré qu'en Italie, les partenaires sociaux étaient parvenus à un accord rapide entre le gouvernement national, les employeurs publics et privés et les syndicats des services publics, en négociant un accord-cadre national pour faire face à la crise. Cet accord a été signé le 14 mars et définit des lignes directrices pour garantir la sécurité des travailleurs.euses et des utilisateurs.trices de services. Ce même accord fournit le cadre du processus de réouverture. Les fédérations des syndicats des services publics italiens ont également négocié et signé des accords sectoriels avec des protocoles spécifiques pour assurer la continuité des services en garantissant la SST des travailleurs.euses dans les secteurs des déchets et de l'administration publique. Ces accords traitent en détail, par exemple, de la collecte et de la gestion sûre des déchets médicaux, de la numérisation de l'administration publique et de la simplification des procédures, et établissaient que les équipements de protection individuelle (EPI) sont un droit pour tous les travailleurs.euses. Présentation par Nicoletta Grieco (en anglais).

Malika Yerlanova, Adjointe au maire de Nursultan, a déclaré que les travailleurs.euses des services publics de première ligne doivent recevoir le bon équipement, les ressources et les compétences nécessaires pour les protéger et réduire le stress et la peur. Toutefois, elle a fait remarquer que cela nécessite non seulement l’implication des municipalités, mais aussi le soutien et l'engagement des gouvernements nationaux.

La deuxième table ronde "La continuité des services publics locaux et la sécurité des travailleurs.euses à l’heure du COVID-19" a été présentée et animée par Daria Cibrario, Responsable des politiques pour le Secteur gouvernements locaux et régionaux de l'ISP.

Jon Richards, Chef du secteur gouvernement local à UNISON, Royaume-Uni, a souligné le rôle clé de la cohérence des politiques, d'une planification adéquate dans tous les services publics et du dialogue sur les lieux de travail dans la mise en œuvre du déconfinement. Alors que les travailleurs.euses des services publics britanniques sont renvoyé.e.s au travail, la fréquence de passage des transports publics reste faible et il y a toujours une pénurie de EPI et de tests pour tous.tes. Il a souligné l'importance de montrer aux travailleurs.euses des preuves scientifiques claires afin de leur donner la confiance dont ils/elles ont besoin pour retourner au travail en toute sécurité. Il a ajouté que des réformes et des ressources sont nécessaires pour renforcer la capacité des GLR à fournir non seulement des services publics de première ligne, mais aussi à planifier le renforcement de la résilience des territoires, ainsi qu'une plus grande autonomie administrative et fiscale. Le redéploiement du personnel du service public doit s'accompagner d'une formation adéquate et que les volontaires des services d'urgence ne doivent pas remplacer les travailleurs.euses professionnel.le.s. Enfin, le travail et le sacrifice des travailleurs.euses de première ligne du service public doivent être dûment reconnus, notamment en garantissant des conditions de travail sûres et décentes pour tous/toutes. Présentation par Jon Richards (en anglais).

Mi-Jeong Park, Spécialiste principale de la ville de Goyang, en République de Corée, a souligné la manière dont le gouvernement local s'était efforcé de réduire la propagation du virus, et avait tenu un dialogue d'urgence avec les hôpitaux et recueilli les opinions des travailleurs.euses pour assurer leur sécurité même dans les moments les plus difficiles. Présentation du parc de Mi-Jeong (en anglais).

Carlos Carrión Crespo, Spécialiste principal de l'OIT en matière de services publics et de distribution, a fait valoir que les gouvernements locaux et régionaux devraient respecter les directives de l'OIT sur le travail décent dans les services publics d'urgence, afin de protéger leurs travailleurs.euses et d'assurer le dialogue social pour qu'ils/elles puissent se concentrer sur la protection des communautés. Il a ajouté que les municipalités emploient de nombreux agent.e.s de santé et autres travailleurs.euses de premier secours qui ne peuvent pas quitter leur emploi pendant la pandémie, mais ne devraient pas non plus être forcé.e.s de prendre des risques excessifs. C'est un lien de confiance nécessaire qui doit être établi si l'on veut que les travailleurs.euses se rendent en première ligne avec confiance. Présentation de Carlos Carrión-Crespo (en anglais).

Bernard Dreno, Spécialiste santé et de la sécurité au travail de la Fédération CFDT Interco, France, a souligné que la pandémie avait surpris les autorités et les institutions qui se sont trouvées mal préparées. Cependant, les agent.e.s des services publics locaux français ont pleinement répondu à l’appel malgré les difficultés. La crise a démontré la nécessité de renforcer la préparation aux crises et les plans d'urgence pour l'avenir. Il est essentiel de revoir l'organisation des services, en commençant par maintenir les collectifs de gestion de crise et les instances consultatives entre employeurs et travailleurs.euses des collectivités territoriales créées pendant la pandémie, et qui pourraient être rendues permanentes. Présentation par Bernard Dreno (en français).

Mauricio Zanin, Conseiller de la Confédération des municipalités du Brésil, a souligné la réponse des maires qui ont mobilisé des moyens financiers pour la santé, l'assistance sociale, et même les soins funéraires, dans un pays où la pandémie a été largement ignorée. Presentions par Mauricio Zanin (en anglais).

Makrem Amaria, Secrétaire général de la branche municipale de l’Union générale tunisienne du travail (UGTT), a souligné l'importance d'assurer des ressources financières et humaines adéquates aux municipalités pour garantir la continuité des services dans la crise, tout en valorisant le rôle et la protection de la santé et de la sécurité des travailleurs.euses municipaux.ales tunisien.ne.s. Il a expliqué que lorsque le processus de décentralisation a abouti à une plus grande autonomie des municipalités, qui ne s'est pas accompagnée de ressources financières et humaines adéquates, on a constaté une forte augmentation des accidents du travail et des maladies professionnelles des travailleurs.euses municipaux.ales. En Tunisie, le syndicat et les maires ont uni leurs forces pour exhorter le gouvernement national tunisien à prendre des mesures et à fournir des EPI aux travailleurs.euses des cimetières. Il a conclu que, malgré la tragédie, la pandémie a créé les conditions nécessaires pour sensibiliser non seulement les maires et les autorités tunisiennes, mais aussi les employé.e.s municipaux.ales eux/elles-mêmes, à l'importance de la santé et de la sécurité au travail des employé.e.s des collectivités locales. Déclaration de Makrem Amaria (en français).

La synthèse a été réalisée par Octavi De la Varga, Secrétaire général de Metropolis, qui a souligné que la crise a révélé combien les services et les travailleurs.euses des services publics sont essentiel.le.s pour le bon fonctionnement de nos sociétés et comment les collectivités doivent pouvoir disposer des ressources et du personnel appropriés pour garantir la sécurité de toutes et de tous. La relance dans l'après-Covid doit être différente de celle de la crise financière de 2008, qui a démantelé de nombreux services publics. Il a en outre fait valoir qu'il est essentiel de changer la manière dont les gouvernements locaux gèrent les ressources humaines et a appelé à reconnaître les travailleurs.euses des services publics externalisés à des fournisseurs privés - souvent confrontés à des mauvaises conditions de travail - comme des travailleurs.euses du service public à plein titre, car ils/elles fournissent des services publics.

En clôturant la session, Emilia Saiz, Secrétaire générale de CGLU, a déclaré : "Nous devons regagner la confiance dans le secteur public. Pendant des décennies, on nous a dit que le secteur privé était plus efficace, coûtait moins cher et offrait une meilleure qualité, mais ensuite, quand quelque chose comme une pandémie se produit, nous devons tous recourir à la fourniture de services publics".

Les villes ont été appelées à télécharger leur expérience sur la plateforme www.citiesforglobalhealth.org où plus de 400 exemples d’initiative sont répertoriés.